Il est composé d’une falaise de 307 m de haut qui surplombe à la fois les océans Atlantique et Arctique, dans un panorama assez époustouflant et symbolique. C’est lui qui marque la limite entre la mer de Norvège à l’ouest et la mer de Barents à l’est. Il n’est toutefois pas le point le plus septentrional de l’Europe comme certains aiment à le penser, car celui-ci se trouve bien sur l’ile, mais un peu plus loin aux abords du site bien moins spectaculaire de Knivskjellodden, à un peu plus de 1km, encore plus au nord.
Assez aride l’ile est recouverte d’une toundra battue par les vents glacials, et les villages y sont rares. Le soleil ne se couche pas ici durant les deux mois et demi d’été, tandis qu’il n’y fait pas jour de mi-mai à fin juillet. Les températures peuvent passer de -35° en hiver à + 20° en été, et il pleut en moyenne 45 jours par an. Le Cap reçoit aussi des épisodes neigeux, presque la moitié de l’année.
Au sud de l’ile, à quelque 30 km, se trouve la ville de Honningsvåg, dernière bourgade avant le Cap, qui draine une grosse part du trafic touristique vers sa direction. Son port accueille les bateaux de croisières qui naviguent en été dans les eaux froides et les paysages de fjords et de glaciers. Partout d’immenses étendues blanches, des banquises, des collines immaculées.
Le Cap Nord est découvert en 1553 au passage de la flotte du Britannique Richard Chancellor, qui ne s’aperçoit pas qu’il est en fait une ile et le baptise du nom qu’il porte encore aujourd’hui. Les décennies suivantes il est contourné régulièrement par les pêcheurs néerlandais qui traquent la baleine dans la zone.
Un certain Francesco Negri, prêtre explorateur est l’un des premiers à l’arpenter vraiment en 1664. Il consignera ses impressions et les rencontres qu’il y fit dans un document qui explique le mode de vie des peuples du nord, confrontés au soleil de minuit et aux conditions climatiques parfois très rudes.
À partir de 1845, le Cap Nord devient une destination touristique prisée, notamment de la bourgeoisie londonienne, avant de se démocratiser par la création des compagnies maritimes et leurs paquebots qui amènent ici des centaines puis progressivement des milliers de visiteurs, chaque année.
À partir des années 20 devant la profusion touristique une fondation pour protéger la biodiversité du Cap Nord est créée, afin de réguler l’engouement et de ne pas nuire à l’environnement. Au fil du temps, le Cap Nord se dote d’infrastructures et notamment d’un centre d’accueil pour touristes, d’un globe terrestre, et de points de vue embrassant l’horizon dont l’accès devient payant, afin d’alimenter les caisses de la réserve. La liaison avec le continent peut se faire en ferry à l’ancienne ou par le biais du tunnel sous-marin qui a été construit dès 1993, long de 6885 km, il permet de circuler à – 612 m du niveau de la mer, et comporte un système technique très sophistiqué afin que ses ouvertures ne gèlent pas aux périodes les plus froides. Il a permis d’accroitre encore le nombre d’excursions en direction du Cap.
Un lieu mythique et hors du temps, aux confins de l’Europe, qui surprend par l’atmosphère quasi religieuse qu’il y règne.